Monday, December 21, 2009

Les bons gestes

Et si demain, l’eau du robinet était durablement rationnée, je veux dire, si la fourniture était limitée à quelques heures seulement par jour, sur tout le territoire mauricien, 365 jours par an?... Que ferions nous? Notre première réaction serait-elle de descendre dans la rue pour réclamer à grands coups de gueule le rétablissement de la fourniture, sinon?...

Nous sommes en 2009, bientôt 2010. Les effets dévastateurs du changement climatique sont déjà visibles, inutile de le nier ou de chercher une échappatoire.
Maurice n’est fort heureusement pas le Tchad qui voit son lac se réduire comme une peau de chagrin, ni le Bangladesh où les villages disparaissent sous les eaux, ni non plus l’archipel des Maldives dont le littoral est rongé par les vagues. Face aux dérèglements climatiques, les Mauriciens sont mieux lotis que les îliens des Maldives ou de Tuvalu, ce qui ne veut pas dire que nous sommes à l’abri d’une catastrophe, juste un peu moins vulnérables que beaucoup d’autres petits états insulaires.

Le climat change, les ressources s’amenuisent, les populations les plus vulnérables sont en danger : nous sommes entrés dans un cycle infernal. L’affaire est hélas entendue et il ne sert à rien de perdre du temps à vouloir lui trouver des causes.
Car une chose doit être claire : si nous continuons à gaspiller nos énergies à dénigrer le système responsable de tous nos maux, nous allons faire du surplace. C’est le système qui nous a mené là où nous sommes. Un système aux effets pervers mais qui a aussi créé les vols supersoniques, la médecine high tech ou l’autoroute de l’information, des inventions qui ont permis à l’humanité de modifier son destin. Ce système doit donc évoluer de l’intérieur et non pas imploser, au risque de nous ramener à l’âge de la pierre.

Avec la montée des eaux annoncée, nous sommes tout simplement arrivés à la fin d’un cycle et au commencement d’une ère nouvelle, celle que l’écrivain américain Alvin Toffler a baptisé la Troisième Vague, nom prémonitoire.

Au Sommet de Copenhague, Etats et groupes de pression se sont affrontés, pendant une bonne partie du mois de décembre, dans un affligeant duel à distance, chacun défendant sa position. Comme toutes les grand’ messes, celle de Copenhague a surtout fait dans le spectaculaire, pour ne pas dire le superflu.

De quoi Copenhague a accouché ? De pas grand-chose, hélas, hormis les discours et les promesses. Tout le monde espérait une entente des Etats sur la réduction du taux d’émission de gaz à effet de serre de… combien déjà ? Personne n’est plus en mesure de donner un chiffre exact. Tout compte fait, il ne s’agit tout simplement pas de chiffrer nos attitudes mais bel et bien de les modifier.

Alors, avant de songer à descendre dans la rue, à tout casser pour réclamer de l’eau (sous d’autres cieux, en d’autres temps c’eut été du pain), essayons d’adopter les bons gestes qui contribueront à sauver ce qui peut encore l’être. Autrement dit, concentrons nous sur les solutions aux problèmes puisque les diagnostics sont déjà connus

Avant d’être collective la solution est surtout individuelle. Ce sont les millions de petits gestes qui, accolés les uns aux autres, peuvent faire la différence.

Au coeur de l’équation, entre protesters surexcités et gouvernements impuissants des dizaines, des centaines de millions, quelques milliards, de gens ordinaires. Quelle est l’équation ? Elle est simple : il faut limiter les dépenses, les excès, le gâchis… Bref, réduire la facture. Au lieu de vouloir imposer des quotas, il incombe a chacun d’entre nous, vous et moi gens ordinaires, citoyens de la planète, de faire les efforts nécessaires à réduire la pression sur la nature. Pourquoi attendre que cela soit imposé ? Que veut dire une réduction ? Au point où nous sommes rendus, réduction rime avec changement. Un changement drastique de nos modes de vie. Pourquoi attendre que l’on nous y oblige ?

Il serait trop illusoire de vouloir tout miser sur la seule contestation ou sur les projets des gouvernements qui, à Maurice, bénéficient déjà d’une large promotion (utilisation d’éoliennes, de chauffe eau solaires, le recyclage des déchets). Enfermés dans un cercle vicieux, infernal, nous sommes aujourd’hui tiraillés entre la facilité de ne rien faire, le désir de trop faire ou l’erreur de faire semblant. Or, il nous faut renverser la vapeur en appliquant un certain nombre de mesures que j’appellerai les bons gestes


Je propose surtout de commettre des excès… à l’envers. Voici ma liste de propositions :
Economie d’eau débordante, depuis les lavabos au moment de se laver les dents, jusqu’aux jardins et les piscines, en passant par le lavage des châlis et des voitures ;
Réduction draconienne des carburants, en laissant la voiture à la maison et en prenant le bus ou le vélo le plus souvent et le plus loin possible, quitte à être la risée du voisin, il finira par suivre ;
Réduction aussi de l’utilisation d’énergie électrique, ampoules en veilleuse, appareils en berne ;
Récupération systématique de ce qui peut paraître vieux mais qui peut encore servir, attitude souvent honnie parce que digne des pauvres des creveurs, une mentalité qui doit changer ;
Consommation juste des aliments ou consommation d’aliments justes en stoppant la boucherie et le gaspillage honteux, en privilégiant l’utilisation de piliers alimentaires comme patols et pipengaïs, en consommant tout, depuis la peau du pipengaï jusqu’à la pulpe et il en va de même pour les margozes car aucun aliment ne mérite la poubelle

Vous pensez que je prône le retour aux temps margozes ? Je propose des gestes simples et justes qui rétablissent l’équilibre. Des gestes qui, à la puissance 1 million, compteront lorsque Maurice fera ses comptes… Le but étant de réduire, chaque année un peu plus, la facture nationale des dépenses en carburant, de pesticides, du volume de déchets produits par les ménages
Un nouveau mode de vie qui est derrière la porte. A chacun de dresser sa propre liste, l’objectif final étant de faire le bon geste.
Une façon de devancer les coupures d’eau qui nous pendent au bout du nez…